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Naples années 70 : nouvelles subjectivités dans le mouvement social. Les NAP (Nuclei Armati Proletari) et les luttes des détenus

Luca Salza

Résumé

En 1970 Lotta Continua (Lc) crée la Commissione Carceri autour de la bataille pour l’amnistie. Dans le sillon des idées de Fanon et des frères Soledad, le but est d’organiser les détenus, ceux qui, vivant aux marges de la société, peuvent incarner des dynamiques authentiquement révolutionnaires. Lorsqu’en 1973, Lc abandonne cette lutte, une partie de ses militants décide de continuer à faire vivre ce réseau, en fondant les NAP. Ils s’implantent surtout à Naples, là où, pour des raisons historiques et sociales, la prison semble être le véritable lieu où se forme la conscience politique des exploités. C’est effectivement le vaste monde de l’extra-légalité que les NAP veulent mobiliser. Leur mot d’ordre qui est « détruire la prison » signifie coordonner les actions contre les prisons des détenus, comme le faisait Lc et son journal « Mo’ che il tempo s’avvicina », mais aussi faire de ces détenus l’avant-garde d’une organisation en opposition à tout l’appareil étatique. Bref, si les NAP suivent l’exemple des BR dans leur prise d’armes, ils n’ont pas du tout les mêmes modèles théoriques et s’adressent au Lumpenproletariat. Nous nous proposons d’étudier la composition sociale et « géo-politique » de la lutte sociale à Naples dans les années 70 : ce contexte historique permet, en effet, de comprendre la particularité, les erreurs et le tragique de la lutte armée dans cette ville, plus précisément des NAP, dont la stratégie apparaît fortement originale dans le panorama des organisations de l’époque.