Cette communication essaie d’examiner la présence thématique du travail collectif dans la production poétique italienne des années 1960-1980, dans le but d’établir une typologie des ressources rythmiques et métriques communes à plusieurs réalisations poétiques des thèmes connectés au travail en usine : le malaise social et privé, le cadre historique des luttes ouvrières, l’aliénation provenant du partage systématique du travail.
Au lieu d’esthétiser l’image du travailleur ou de réduire la poétique du travail à une sorte de célébration rituelle, l’expression poétique a enregistré dans certains exemples des années Soixante et Soixante-dix, et même plus tard (particulièrement dans l’oeuvre de Pagliarani, Balestrini, Di Ruscio, et puis d’autres, comme Brugnaro et Franzin) la mise en place du rythme - réalisé par des solutions métriques et des figures d’imitation, à la fois périodiques et irrégulières - du travail en usine ; rythme entendu, lui-mȇme, comme moyen de connaissance et parfois d’accusation, et généralement comme représentation directe d’un état d’esclavage économique et moral souffert par l’ouvrier, réduit à un mécanisme d’enrichissement de ses oppresseurs.
Le conflit idéologique, qui a conduit aux années de plomb et à la stratégie du surmenage et de la terreur, a été exercé en Italie premièrement à l’intérieur des usines : c’est pourquoi l’accès de la composition poétique dans ces endroits a permis l’usage de nombre de moyens d’expression, liés d’un côté aux expérimentations des avant-gardes, et doués, d’un autre, d’implications politiques tout à fait nouvelles, dont la mise à jour sera l’objectif de notre analyse.